Vous avez dit « engagement » ?

Vous avez dit « engagement » ?

« Engagement », acte par lequel on s’engage à accomplir quelque chose par promesse, par convention ou par contrat. S’engager pour ne pas subir ? Mais s’engager c’est quoi ? Pourquoi s’engager ? Comment ? Quelles conséquences ? Doit-on systématiquement y trouver un intérêt individuel ?

S’engager, c’est quoi ?

Le mot « engagement » a de très nombreuses significations. Selon qu’on parle de militantisme, comptabilité, finance, histoire, médecine, militaire, philosophie, sport…, il signifie prendre parti, s’obliger envers des tiers, prévoir une dépense au budget, concéder des terres du domaine royal, accoucher, déclarer de servir volontairement dans les armées, assumer des valeurs choisies pour donner un sens à son existence, donner le coup d’envoi d’une rencontre.

Ces significations de natures très diverses ont toutes un point commun : on s’engage soi-même. Étymologiquement « s’engager » signifie « se donner soi-même en gage », c’est à dire prendre une décision librement, avec les risques qui vont avec, et surtout être prêt à en assumer soi-même les conséquences. S’engager, c’est donc prendre librement une responsabilité qu’on n’était pas obligé de prendre. Mais qu’a-t-on à perdre dans le fait de se mettre soi-même en gage ? La diversité des risques et opportunités est aussi grande que la nature des sens ci-avant. Risque par exemple d’assumer les conséquences du mauvais parti pris, d’une dépense injustifiée, d’une attribution de terre incomprise, de la mort du nourrisson ou de la mère, d’une vocation militaire inappropriée, d’une existence ratée, de l’envoi d’une rencontre dans de mauvaises conditions.

Alors quoi? Faut-il s’engager? Et si oui, à quoi ou pour quoi ? Doit-on s’engager pour son propre intérêt ou pour l’intérêt général ?

Différents niveaux de l’engagement

  • Premier niveau « Ne rien faire ». Ne rien faire c’est s’engager ? Et bien oui. Car en ne faisant rien on laisse l’engagement des autres s’imposer !
  • Deuxième niveau « Comprendre et compatir ». Chercher à comprendre l’intérêt de la cause. Être conscient des enjeux et des conséquences.
  • Troisième niveau « Féliciter » : Remercier ceux qui agissent pour la bonne cause. Encourager. Liker, commenter , envoyer un message de soutien… ça ne coûte rien mais c’est déjà beaucoup.
  • Quatrième niveau « soutenir » : adhérer, faire un don, acheter un ouvrage ou un journal, s’abonner à une revue, signer une pétition…
  • Cinquième niveau « Militer » : manifester, s’exprimer ouvertement (communiquer, rédiger des articles…), conduire une action (être membre de bureau, susciter des vocations autour de soi…)
  • Sixième niveau « Agir » : être exemplaire dans l’action, appliquer à soi même la cause qu’on défend. Faire tout ce que l’on peut à son niveau, au niveau de son foyer, de son entreprise, de sa commune, de son pays… Même si on pense que c’est une goutte d’eau, c’est déjà ça !

Clés de réussite de l’engagement

  • S’engager pour une cause réaliste et pragmatique, en cohérence avec les valeurs et principes en vigueur (casser, bloquer en France est contraire au droit de manifester. Qu’on appelle un chat un chat : un blocage, un barrage filtrant n’est pas une manifestation. Et non, ce n’est pas le seul moyen pour se faire entendre.)
  • S’engager pour quelque chose (et pas contre) et proposer des solutions (Contre le nucléaire ! Mais quelle autre énergie pour subvenir à nos besoins aujourd’hui ?)
  • Éviter de s’engager pour une cause si elle nuit ou en détruit une autre (par exemple, la discrimination positive nuit à l’équité)
  • Optimisme. « C’est fichu ! » Rien n’est jamais fichu. Rien n’est irréversible. « Rien ne se crée, rien ne se perd tout se transforme »
  • Édification. « Tout le monde s’en fiche ! » Il n’y a qu’à faire en sorte que ce ne soit pas le cas. Exercer une influence morale salutaire par l’exemple ou par les paroles, éclairer, instruire, expliquer…

Les solutions

  • Comprendre la cause pour laquelle on s’engage, ses enjeux, ses impacts, ses risques, ses conséquences, ses causes
  • Assumer les conséquences de son engagement car c’est trop facile de prendre les risques sans en assumer les conséquence directement. Par exemple « bloquer illégalement une autoroute ou un dépôt ou enfreindre une interdiction de manifester sur les champs Élysées » c’est assumer directement et financièrement les pertes économiques, les morts et blessés, la faillite de commerces…
  • S’assurer que son engagement est apte à proposer des solutions en cohérence avec les réalités de ce monde. Par exemple « Militer pour des déplacement domicile-travail à vélo ou en transport en commun » est faisable lorsqu’on habite Paris mais pas lorsqu’on doit faire 30 km en rase campagne. « Militer contre la déforestation de l’Amazonie » c’est donner au Brésil d’autres moyens pour nourrir sa population et c’est éduquer les brésiliens à une consommation responsable (en montrant déjà nous-même l’exemple).
  • S’engager dans la durée avec une approche progressive. « Militer contre le nucléaire » c’est éduquer et sensibiliser aujourd’hui à une consommation plus responsable, c’est favoriser aujourd’hui la recherche d’autres technologies, c’est soutenir le transfert progressif vers ces autres technologies. Et ne pas faire n’importe quoi (par exemple : prôner des véhicules électriques dont l’impact carbone des batteries est supérieur à celui d’un moteur thermique)
  • Mettre son engagement au maximum en résonance avec celui des autres. Par exemple, un militant végan doit s’assurer que les produits végans qu’il achète sont fabriqués par des sociétés légales, payant leurs impôts, préservant leurs salariés, respectant l’environnement (par exemple, les emballages de produits végan ne sont pas tous recyclables)…
  • Inciter les autres à s’engager aussi… en leur trouvant un intérêt personnel et individuel à le faire.
  • Engageons nous individuellement à être exemplaire au quotidien.
  • Engageons nous ensemble à trouver collectivement des solutions humanistes et responsables aptes à résoudre en cohérence les problèmes que nous générons nous mêmes, chaque jour chacun à notre niveau.

Vous ne pourrez plus dire que vous ne le saviez pas !