Quelles que soient les théories, la cause du déclin des empires les plus puissants reposent sur la perte de sens, l’absence de cap commun, l’individualisme, l’intérêt personnel, la perte de valeurs, l’avidité du pouvoir, l’absence de règles, la corruption, l’endettement, l’incompétence des leaders, le manque d’écoute… Notre si beau pays à tant de ces richesses, ne les gâchons pas !
Empire romain, France, Europe, États-Unis, Chine, … ? Groupes d’opinion aux intérêt personnels plus que collectifs, minorités ultra-agissantes, gouvernants despotiques, syndicats décalés, dirigeants hors sol, terroristes… ? Toutes ressemblances avec des faits et événements connus n’est peut-être pas purement fortuite.
Les théories du déclin de l’empire romain
- Théorie de l’empire décadent selon Edward Gibbon : volonté et abus d’indépendance des provinces, gouvernance despotique, oppressions qui épuisent et découragent l’industrie du peuple, corruption de la discipline militaire, ou relâchée par la faiblesse des empereurs, disparition de la force des frontières reposant sur les armes plutôt que dans les fortifications.
- Théorie de l’empire décadent selon Bryan Ward-Perkins : mort due à un cercle vicieux d’instabilité politique, d’invasion étrangère et de baisse du revenu des taxes. Amoindrissement de la capacité à long terme de l’Empire à financer son armée. Utilisation de la rébellion comme moyen d’autodéfense.
- Théorie de l’empire décadent selon John Bagnell Bury (la « théorie moderne ») : combinaison de causes complémentaires comme la dépendance de la défense de l’Empire à l’enrôlement des barbares en grand nombre dans l’armée, utiliser la perspective du pouvoir comme levier de motivation, déclin économique, expansion germanique, dépopulation de l’Italie, trahison désastreuse de Stilicon, perte de la vertu martiale, meurtre d’Aetius et absence de meneur pour le remplacer.
- Théorie de l’empire décadent selon Végèce (Publius Flavius Vegetius Renatus) : déclin dû au contact croissant de l’Empire avec les barbares, entraînant complaisance et mauvaise discipline. Dépendance de l’armée vis à vis des barbares pour assurer la défense de son vaste territoire.
- Théorie de l’empire décadent selon Peter Heather : puissance et union des Sassanides pour repousser les légions romaines. Un demi-siècle de lutte pour faire face à la menace sassanide nécessitant un effort fiscal sans précédent. Mais réduction de la rente réelle dans les provinces de l’Empire conduisant à la disparition de la motivation des fonctionnaires locaux à consacrer leur temps et leurs budgets au développement d’infrastructures. Invasions successives, perte de ressources fiscales.
- Théorie de l’effondrement budgétaire : corruption endémique du système, déclin des institutions dès le commencement de l’ère impériale, financement uniquement sur le butin des territoires conquis, exonération de élite de taxes, paysans acculés à une grande pauvreté , coûts de la défense militaire, faste des empereurs.
- Théorie de l’absence de fin (éternel recommencement) : transfert progressif du pouvoir d’une bureaucratie centrale impériale à des autorités plus locales (par exemple, couronnement de Charlemagne, comme une continuation de l’État impérial romain).
- Théorie de la fin des civilisations selon une étude menée par une équipe multidisciplinaire indépendante menée par mathématicien Safa Motesharrei de l’US National Science Foundation-supported National Socio-Environmental Synthesis Center et des chercheurs en sciences sociales de l’université du Maryland et du Minnesota, basée sur des travaux de mathématiques appliquées aux sciences humaines, modèle analytique baptisé HANDY ‘Human And Nature Dynamical’ : facteurs communs expliquant l’effondrement ds empires : la population, le climat, l’eau, l’agriculture et l’énergie. Convergeant vers la rareté des ressources provoquée par la pression exercée sur l’écologie et « la stratification économique entre riches et pauvres »
Quelles leçons tirer des empires déchus ?
- Dépendance financière, politique , économique, militaire… à des acteurs ne partageant pas la même culture, les mêmes fondamentaux, les mêmes valeurs…
- Volonté exacerbée d’indépendance.
- Instabilité politique.
- Déclin économique.
- Invasions étrangères.
- Baisse du revenu des taxes, mauvaise utilisation des taxes, effort fiscal démesuré, réduction de rente réelle, perte de ressources fiscales accroissement permanent des besoins financiers et disparition progressive des recettes.
- Utilisation de la rébellion comme moyen d’autodéfense.
- Utilisation de la perspective du pouvoir comme levier de motivation.
- Trahisons, perte de la vertu martiale.
- Faire entre le loup dans la bergerie.
- Ambition hégémonique.
- Manque de leader.
- Mobilisation d’énergie pour contrer les forces opposées.
- Disparition de la motivation des fonctionnaires à produire les services et infrastructures.
- Écart riche-pauvre, Préserver l’élite et acculer les paysans.
- Surconsommation des ressources
En synthèse :
- Une combinaison de circonstances même « infimes », peuvent conduire à la chute prématurée d’un fonctionnement parfait qui aurait pu vivre indéfiniment (théories de « l’empire décadent » ou de l’étude HANDY).
- Quelles que soient les théories et idéologies, le constat du déclin est bien réel, lent, imperturbable, conjoncture de signaux faibles.
- Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Rien ne finit jamais, la vie est un éternel recommencement avec ces effets de balancier.
Quelles solutions ?
- Développer le leadership : mener, donner du sens, expliquer, …
- Limiter les effets de balancier en fixant un cap et en pilotant par rapport à ce cap.
- Développer des relations de confiance (valeurs, éthique, équité, exemplarité…).
- Évoluer, progresser, améliorer sans perdre ses valeurs, principes, racines, fondements…
- Rassembler toutes les forces et potentiels mais uniquement les forces de confiance autour d’un objectif commun. L’union fait la force à condition de partager les mêmes objectifs cibles.
- Confier les responsabilités à ceux qui les méritent par leur exemplarité et résultats (compétences, valeurs… plus que diplôme, copinage, arrangement…).
- Pratiquer écoute active, dialogue, intelligence collective, concertation avec tous les acteurs en se focalisant les parties les plus significatives (sans pour autant ignorer les minorités et en les traitant avec égard et respect, sans plus).
- Détecter les signaux faibles et pour cela avoir des acteurs au plus proches du terrain, à tous les niveaux.
- Respecter l’ordre, les règles, les lois. Sanctionner sans tarder toute dérive volontaire. Ne pas céder à la pression quelle qu’elle soit.
- Avoir des comptes sains et équilibrés. Ne pas dépenser plus que les recettes. Ne pas être durablement endetté (gestion bon père de famille). Car celui qui gouverne c’est celui qui possède le capital. Endetté on est à la merci de ses créanciers.
- Répartir les richesses équitablement tant au niveau de l’individu que du collectif (des aides uniquement pour les plus fragiles, pour ceux qui en ont vraiment besoin), quel que soit le rang, le niveau social, les titres, les diplômes….
Vous ne pourrez plus dire que vous ne le saviez pas !